Trois couplets pour quatre saisons
Une après-midi, une matinée,
Un petit matin, une soirée,
Et un baiser abdique la raison
I.
Une après-midi d’automne
Se promène parmi les feuilles âpretés,
Dernière valse des têtes qui vont tomber.
Le soleil rasant tire de son archet
Des nuances de pourpre dorée,
Qui font une parade enjouée
A la reine morne qui passe compassée
Les bogues roulant à ses pieds.
Tout est flamboyant.
II.
Une matinée d’hiver inspire
Le calme parfait d’un ciel épuré
A peine un nuage s’y étire,
Et sous ses pas crisse le gravier.
Il ne fait pas froid, il fait crispé,
L’air sent comme la glace brisée,
L’hiver entier semble glisser
Sur le grand silence redoublé.
Tout est figeant.
III.
Un petit matin de printemps
Tout frais, vert, et s’éveillant,
Frissonne à l’air flottant
Des parfums presque éclos.
Il passe dans les roseaux,
Frôle l’herbe impatiemment,
Cherchant la rose épanouie,
Et l’oisillon dans son nid.
Tout est verdissant.
IV.
Une soirée d’été s’est allongée
Sur la moiteur d’une journée
Coulée de plomb argenté.
La nuit sent l’herbe fauchée,
Bleue, noire, profonde et éclairée
Des étoiles au loin dans l’air frais.
Criaillent mille grillons cachés, mille grillons
A l’ombre des grands bois en haillons.
Tout est mûrissant.
Tombant, figeant, verdissant et mûrissant
Se trouvent en un seul baiser
Donné par une brise hors de ce temps.