Quelle est cette voix étrange
Qui suspend le pas de l’ange ?
Discipline de fer
Triomphe de la chair
Tissée au lourd métier
Qu’on nomme volonté
Trompeur maintien
De ce corps fin,
Elégant drapé
D’une vanité blessée.
Mais écoute ce qui se tait :
Un froissement de soie,
Tremblement de voix,
D’un murmure habité :
Aimez-moi… Triste prière
Qui respire l’humain
Comme tu expires sur un air
Et puis soudain, plus rien :
L’âme se retire
Quand on la croit saisir
Elle fuit, étrange mélancolie
Et ne donne pas la vie.
Je voulais du Verdi pour illustrer ce poème, j'avais pensé à l'"Addio del passato de la Traviata", ou au "Pace, pace mio dio" de La Forza del destino. Finalement je m'étais décidée pour "Morro ma prima in grazia" d'Un Ballo in maschera. Mais je me retrouve avec beaucoup plus original, puisqu'il s'agit ici de "La mamma morta" d'Andrea Chenier. Giordano et non Verdi donc. Cet air figure également dans un beau film de John Demme, Philadelphia (1994). Sa seule apparition au cinéma à ma connaissance.