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3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 09:33

 

 

 



Quelle est cette voix étrange
Qui suspend le pas de l’ange ?

 


 

Discipline de fer

Triomphe de la chair

Tissée au lourd métier

Qu’on nomme volonté

 

Trompeur maintien

De ce corps fin,

Elégant drapé

D’une vanité blessée.

 

Mais écoute ce qui se tait :

Un froissement de soie,

Tremblement de voix,

D’un murmure habité :

 

Aimez-moi… Triste prière

Qui respire l’humain

Comme tu expires sur un air

Et puis soudain, plus rien :

 

L’âme se retire

Quand on la croit saisir

Elle fuit, étrange mélancolie

Et ne donne pas la vie.





Je voulais du Verdi pour illustrer ce poème, j'avais pensé à l'"Addio del passato de la Traviata", ou au "Pace, pace mio dio" de La Forza del destino. Finalement je m'étais décidée pour "Morro ma prima in grazia" d'Un Ballo in maschera.  Mais je me retrouve avec beaucoup plus original, puisqu'il s'agit ici de "La mamma morta" d'Andrea Chenier. Giordano et non Verdi donc. Cet air figure également dans un beau film de John Demme, Philadelphia (1994). Sa seule apparition au cinéma à ma connaissance.

  
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3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 07:16

 

Au coin d’une rue
Dans un violon qui joue,
Dans un enfant, j’ai reconnu
Calée entre le menton et la joue

L’étincelle du génie…

Ah pourtant, non !
Le voila qui se tourne
Ces yeux, cette peine,
Ne valent aucun son.

L’étincelle du génie …

Il me regarde et il pleure
Le blessais-je avec mes illusions?
Il a compris de trop bonne heure
Les ravages de l’ambition…

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2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 01:06








Terre des marchands, bleu de reine,

Une caravane se presse dans la plaine…

Majesté millénaire et sable du désert :

On voit l’étrange cité sortir de terre.

                  

L’or, le lapiz et la turquoise se traînent,

Les couleurs éclatent, les épices tournoient,

Partout des voix, bruissement de la soie :

C’est l’Orient vibrant qui ondoie sa traîne.

 

Les fils de Tamerlan quittent le tapis de prière

Un voile de lune jeté sur leurs peines

Et l’âpre négoce se poursuit sans haine

Béni de la coupole bleu-vert.

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1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 09:09

 

 

 

 

 

A Anthony qui m’a dit un jour

Aimer le prophète des miettes[1]

 

 

 

 

 

Il garde l’église comme on garde le lit

Prisonnier à vie

D’un père anxieux et craignant Dieu.

Et qui a fait un fils déjà vieux.

 

Il ne peut aimer

Seulement chercher et pleurer

Etudier et prier

Vivre et pêcher en pensée.

 

Amer, il n’a pas de mère,

Il regarde les autres faire,

C’est la faute du père

Qui le fait se taire.

 

Soren est un génie,

Mais il a peur d’être puni

Soren est un génie,

Mais il n’a pas de vie.

 

Le petit Soren a bien  grandi

Il joue de l’esprit pour tromper l’ennui

Et serait bien un peu dandy…

Mais l’ennui c’est ce que va dire daddy.

 

Soren est prétentieux

Il peut se le permettre

Lui qui sonde le tréfonds de l’être

Sans pour autant être prêtre.

 

Soren est un génie,

Mais il a peur d’être puni

Soren est un génie,

Mais il n’a pas de vie.

 

L’homme éthique,

Son propre ennemi,

Mène le combat épique

De la foi contre l’envie.

 

Malheureux faute de mieux ;

Chercher et pleurer,

Etudier et prier…

En espérant vivre un peu.

 



[1] Soren Kierkegaard est l’auteur notablement d’un court essai poétique, Les Miettes philosophiques (1844), qui traite de la question du disciple dans son acception christique et la compare à la vision socratique. Kierkegaard a vécu une enfance solitaire et fortement marquée par la présence écrasante de son père. Ce même père était un homme très religieux et inculqua au jeune Soren les notions de faute, de culpabilité, et de crainte de Dieu qui lui sont restées toute sa vie.

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31 mars 2009 2 31 /03 /mars /2009 13:25


 

 

A Charles S. qui sera grand un jour.

 

 

 

 

Une tête blonde s’agite sur le clavier,

Elle a cet air absorbé qu’ont les enfants concentrés,

Je la regarde et je souris

On l’appellera soucis…

 

Que vaut la gravité,

Face à la grâce de l’enfance,

 La fraîcheur de ses sens,

Et cette ignorante gaîté ?

 

Je te chéris enfance

Que la vie ôte

A quoi bon l’expérience ?

J’aime jusqu’à tes fautes.

 

La chère tête blonde s’énerve :

Les doigts trop courts sur le clavier,

Les pieds n’atteignent pas la pédale forte ;

Je suis comme dans un rêve…

 

Mère aimante, je lui mens,

Je vois l’homme qui sera,

C’est l’aube d’un grand talent,

Et l’enfant ne le sait pas…

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31 mars 2009 2 31 /03 /mars /2009 13:22

   

 

« Mais Jésus, s'étant baissé,

Ecrivait avec le doigt sur la terre.

Comme ils continuaient à l'interroger,

 Il se releva et leur dit:

Que celui de vous qui

Est sans péché jette

Le premier la pierre»

 (Jean 8, 6-8)

 

 

 

 

 

Archimède[1] versa son sang,

Fait d’un soldat romain ulcéré…

Jesus-Christ pareillement

Fait d’un peuple insulté.

 

Et lui assis par terre,

Il dessinait des cercles dans la poussière.

 

Suprême calme et majesté

Quand la foule avide grondait :

Elle voulait condamner,

Boire avidement sa mesure de sang

 

Et voila que sort du rang

L’Homme qui simplement,

Regarde avec pitié

Celle dont le crime était d’aimer

 

Et lui assis par terre,

Il dessinait des cercles dans la poussière.

 

Chacun se ment en reportant

Sur la pécheresse désignée

Ce que n’efface le temps.

Que celui qui n’a jamais péché

 

Jette une pierre à l’instant

Nul n’est digne d’appliquer

La loi du Dieu aimant ;

Les docteurs sont bien trompés

 

Et lui assis par terre,

Il dessinait des cercles dans la poussière.

 

Vas femme maintenant,

Rappelle aux hommes étonnés

Qu’est venu le moment

De rendre sa loi à celui qui est.

 

 



[1] Archimède aurait été tué par un soldat romain durant le siège de Syracuse en 212 av. J-C. Il aurait lancé au soldat qui troublait sa concentration « ne dérange pas mes cercles ».

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30 mars 2009 1 30 /03 /mars /2009 17:18

   

 

                                                                                   “Is this a dagger which I see before me,

The handle toward my hand? Come, let me clutch thee.

I have thee not, and yet I see thee still.

Art thou not, fatal vision, sensible

To feeling as to sight? or art thou but

A dagger of the mind, a false creation” 

Shakespeare, Macbeth II, 1

           

 

 

 

Trois soeurs dans la nuit noire

Trois moires professent un roi de gloire

Et my Lady en son manoir

Se consume à mon espoir.

 

Dague, roi, dame, alliance tripartite.

Tremblante cette dague… J’hésite

Mais my Lady m’habite

Tranchante ma dague…  Ni faute, ni fuite.

 

Tout suintant le sang de l’innocent

Je suis le mari, l’époux, l’amant,

Le roi battant aux sujets tremblants:

Ma dague achève l’impuissant.

 

Mais du roi qui se meurt

Quelque chose en moi demeure…

C’est ma raison qui se leurre,

La folie élit en moi demeure.

 

Une dague dans la nuit noire

Coupe ce fil espoir :

Flot de sang noir

Et je suis forcé d’y boire !

 

Sombre sombre ma vie

De mon cœur qui s’écoeure je ris

Sombre sombre ma mie

Je ris. Les sœurs m’ont trahi.

 


Quoi de plus approprié que Macbeth und die Hexen (Macbeth and the witches) de Bedrich Smetana (1824-1884)? J'ai pensé aussi à l'opéra de Verdi. J'aurais bien voulu l'air de la somnambule chanté par Joan Sutherland (Acte V, sc.1), à défaut, voici l'air où laydy Macbeth reçoit la lettre annonçant la prophétie des sorcières, et où elle se voue à l'accomplissement du destin prédit à son mari. Il est chanté pas Montserrat Caballé.

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30 mars 2009 1 30 /03 /mars /2009 16:49



 

« Elle ira son chemin distraite, et sans entendre

Ce murmure d’amour élevé sur ses pas »

Un Secret, Félix Avers (1806-1850)

 

 

 

 

 

Elle avait la grâce discrète

D’une femme du monde,

Cette alchimie secrète,

Le scintillement d’une onde.

 

Elle avait comme

Un parfum de maintien

Qui murmurait : tout homme

En son sein est déjà mien.

 

Elle avait l’allure charmante

Elégante prestance,
Présence enivrante:

Une sage bacchante.

Son regard se posait,

 

Une grâce accordée…

Son regard enveloppait,

Une femme à aimer…

  

Et l’allure d’un murmure

Froissement de la soie,

Le son de sa voix,

Un Amour que l’on jure.

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30 mars 2009 1 30 /03 /mars /2009 16:43

« Et les vents Alizés inclinaient leur antennes

Aux bords mystérieux du monde occidental »

Les Conquérants, José-Maria de Hérédia

 

 

 

 

I.

Polis, travaillés, finement ciselés
La rime riche, le vers ouvragé
Trésors antiques tant évoqués
Ainsi sont les Trophées.

C’est un homme discret
Que guide la lueur du génie
Il pèse ses mots, alchimiste précis
Dosage savant, le tout est magnifié.

C’est un vieux maître relieur
Qui enlumine son manuscrit
Sur le papier vieilli,
Il dispose les plus belles couleurs.

Il n’est pas pressé, il a tout son temps,
Dusse-t-il prendre vingt ans,
Il sculpte son vers, avance et recule, lentement,
Comme Michel-Ange en son temps.

II.

Magicien patient et mystérieux,
Je t’imagine longuement le soir
Du vers voguant sur le flot noir,
Diriger la nef de feu.

Magicien, car qui peut si bien
Faire souffler le vent entêtant d’un rêve d’orient
Et draper le conquistador fixant le firmament
Dans les brumes de la bataille au matin ?

Qui peut évoquer ainsi l’orient et les tropiques
De Venise les lagunes antiques,
Du tépidarium les poses érotiques,
Et du temple en ruine le vieux portique ?

C’est le vers riche du planteur de
Cuba

Ce sorcier délicat,
Maître d’une magie qui n’existe pas,
Pour cela, remercions José-Maria.

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30 mars 2009 1 30 /03 /mars /2009 16:28

“Tout suffocant

 Et blême, quand

Sonne l’heure

Je me souviens

Des jours anciens

Et je pleure »

Chanson d’automne,
Paul Verlaine


 

 


I.

Verlaine, c’est l’absinthe,
La douleur et la plainte,
D’une âme incomprise
Qui se méprise.

Les larmes d’une mère
Pour un fils en bleu
Qui se noie dans un verre
Malgré ses vœux.

Les larmes d’une femme
Pour un homme blême
Qui tiennent en haine
Sa fétide haleine.

Ce qui étouffe ce cœur
Qui retient ses larmes,
Ce qui ronge cette âme
Qui compte ses heures,

C’est d’abord la peur
Ravalée avec un verre.
Puis c’est la torpeur,
Baignée de l’enfer vert,

Où la senteur écœurante
De l’absinthe luisante
Rend vibrantes
D’obscènes bacchantes.

II.

Un chef d’œuvre est né ;
Le calme retombé ;
Le remords réinventé
Et ses indicibles cruautés

Le poète de l’automne
Regarde d’un air atone
Des heures la marche monotone
Pour un peu il prie la madone…

Mais jamais ne retient
La pureté de l’enfance
Dont le cruel reflet danse.
Alors la soif revient…

 

III.

Une calvitie affaissée
Inconnue et moquée
A la table d’un café
Maudite destinée

Ca et là un soleil beau
Traverse cette mélancolie
Et c’est Rimbaud
Mais c’est aussi Folie

Est-ce donc à cela
Qu’est condamné le Génie ?
Où est l’enfant de Marie ?
Il est pourtant toujours là :

C’est le vers menteur
Qui ronge le cœur
C’est le souvenir
Qui luit moqueur

C’est le remords
Amitié particulière
Qui froidement mord
Jusqu’à la bière.

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L'orange Maltaise

  • : L'orange maltaise
  • : « Il pourrait se trouver, parmi [mes lecteurs] quelqu’un de plus ingénieux ou de plus indulgent, qui prendra en me lisant ma défense contre moi-même. C’est à ce lecteur bienveillant, inconnu et peut-être introuvable, que j’offre le travail que je vais entreprendre. Je lui confie ma cause ; je le remercie d’avance de se charger de la défendre ; elle pourra paraître mauvaise à bien du monde ! » (Mémoires de la Duchesse de Dino, 1831)
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